COMPARATIF DES DIFFÉRENTS TYPES DE DISPOSITIFS ANTI-ERRANCE

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Depuis de nombreuses années, des dispositifs anti-errance destinés aux personnes âgées ont vu le jour. Les produits disponibles aujourd’hui n’ont pas tous le même fonctionnement, mais ils sont, à des degrés divers, conçus pour limiter les risques d’errance des résidents hébergés dans les établissements pour personnes âgées. Nous allons voir dans cet article les deux grandes familles de solutions anti-errance, leurs avantages et leurs inconvénients.

LES DISPOSITIFS DE GÉOLOCALISATIONS

Les dispositifs de géolocalisation sont, depuis une dizaine d’années, bien ancrés dans les usages individuels dû à l’essor du smartphone. Les appareils de géolocalisation (GPS) écoutent les signaux envoyés par les satellites situés 20 000 km d’altitude pour pouvoir repérer la position d’une personne sur un territoire. Cette technologie offre la possibilité d’obtenir un positionnement précis de 1 à 2 mètres, et ce, de façon régulière. Ces applications sont nombreuses et elles permettent d’optimiser les déplacements et de suivre les flux de personnes mais aussi de matériel.

L’application de la technologie GPS dans les Ehpad pour localiser les résidents fonctionne en établissant un périmètre géographique de plusieurs mètres autour de l’établissement. Dès qu’un résident sort de ce périmètre, une alerte est envoyée, permettant ainsi au personnel de localiser le résident sur une carte via une application. Le dispositif GPS porté par le résident se présente soit sous la forme d’une montre-bracelet soit plus rarement sous la forme d’une balise à accrocher à la ceinture.

Le principal avantage du GPS est bien sûr la géolocalisation pour pouvoir concentrer les recherches du personnel vers la zone où se trouve le résident sorti de l’établissement. On a retrouve souvent un historique des déplacements du résident, ce qui peut permettre de connaître les routines des résidents équipés et de pouvoir anticiper les risques d’errance.

Les dispositifs GPS anti-errance pour personnes âgées ne fonctionnent pas à l’intérieur des bâtiments, avec aussi parfois dans des zones dites blanches, c’est-à-dire des endroits où le signal du satellite n’est pas reçu par le dispositif GPS. Autre inconvénient majeur, une consommation énergétique très importante qui nécessite de recharger le dispositif plusieurs fois par semaine. Enfin, ces dispositifs individuels sont souvent reliés à des applications type smartphone, tablette ou web et nécessitent des équipements supplémentaires pour le personnel. Ces solutions soulèvent également une question éthique dû à la facilité de repérage et d’enregistrement des déplacements d’un résident dans l’espace public ou privé.

LES DISPOSITIFS DE FRANCHISSEMENT

Les systèmes de franchissement basés sur la technologie de la radio-identification, plus souvent désigné par le sigle RFID, fonctionnent entre un lecteur RFID et une radio-étiquette ou tag RFID. Lors du passage de l’étiquette à proximité du lecteur, ce dernier reconnaît et lit les informations contenues dans l’étiquette. Ces systèmes sont utilisés depuis maintenant une vingtaine d’années dans différents domaines comme les péages automatiques ou la logistique, avec pour but de suivre et savoir quand le matériel a transité pour la dernière fois dans les entrepôts et les zones de stockage.

Cette technologie a fait son apparition dans les Ehpad depuis une quinzaine d’années pour prévenir les sorties inopinées. Des lecteurs RFID sont placés aux endroits stratégiques d’un bâtiment. Le résident est équipé d’un récepteur RFID. Lorsque le résident franchit la zone équipée du lecteur et de son antenne, une alerte est envoyée vers les téléphones des soignants.
Ils existent deux types de solutions pour cette technologie. La première et la plus couramment disponible sous forme de bracelet ou pendentif est dit active, car le dispositif amplifie le signal capté par le lecteur installé dans le bâtiment au niveau des portes. Ces solutions nécessitent une pile pour fonctionner.
L’autre type de solution est dite passive et se présente sous la forme de tags ou pastille à coller sur les vêtements ou dans les chaussures. Le dispositif n’émet pas d’ondes et n’utilisent que l’énergie de l’onde radio émise par le lecteur et son antenne pour fonctionner.

Un des inconvénients des dispositifs de franchissement est qu’ils ne permettent pas de suivre de manière précise les déplacements des résidents. La captation se limite uniquement au franchissement vers une zone à risques (souvent l’extérieur). De plus, la nécessité d’installer des lecteurs RFID dans le bâtiment en fait une solution collective, les établissements devant assurer le coût d’installation et relier la solution à leur centrale d’alarme.

Dans le cas des solutions passives, la miniaturisation des dispositifs portés par les résidents n’est plus un facteur de stigmatisation. L’avantage de la solution RFID passive est son faible coût par résident, de l’ordre de quelques euros pour les solutions à étiquettes, une fois l’installation réalisée.

LES ÉLÉMENTS POUR CHOISIR UNE SOLUTION ANTI-ERRANCE

Le choix entre ces deux technologies n’est pas forcement simple pour les structures médico-sociales.

Tout d’abord, l’emplacement (rural ou urbain) et l’architecture de l’Ehpad rentre en jeu.
Dans un espace rural, les possibilités pour un résident de se perdre hors de lieux fréquentés, comme par exemple un champ ou un bois, sont nombreuses. Pour un Ehpad situé en zone rurale avec un parc, la technologie GPS peut être pertinente afin de concentrer les recherches sur les zones au-delà de l’enceinte de l’établissement.
Pour les structures implantées en milieu urbain, la solution de franchissement est souvent préférable. En effet, il est ici plus intéressant que le personnel raccompagne le résident dès qu’une sortie est détectée. Cela permet d’éviter à la personne âgée de déambuler dans les rues, souvent passantes, mais aussi de prendre les transports en commun ou encore de pénétrer dans un autre bâtiment, où les dispositifs GPS pourraient perdre le signal.

Le choix d’un système anti-errance est également déterminé par d’autres caractéristiques, centrées sur la volonté et la vision de la direction. La première caractéristique est l’acceptabilité du dispositif par les personnes concernées. Le choix de faire porter aux résidents des montres GPS ou des bracelets anti-errance est beaucoup plus stigmatisant que les étiquettes RFID et les résidents ont tendance à s’en débarrasser. L’autre caractéristique à prendre en compte est le choix entre un dispositif individuel et une solution collective. Les technologies GPS sont des dispositifs individuels qui sont portés par le résident. Ils ne requièrent pas d’installation spécifique dans le bâtiment pour fonctionner et leur coût est souvent supporté par la famille du résident. À l’inverse, le choix d’une solution anti-errance de franchissement nécessite une installation au sein de la structure d’accueil afin de se brancher sur le système d’alerte. Ces solutions permettent de sécuriser un établissement pour les résidents à risques et constitue un investissement sur le long terme, sachant que, pour les solutions passives à étiquettes, le coût d’équipement des futurs résidents à risques est de quelques euros.

Enfin, la possibilité de restreindre la vie privée à des degrés variés est une composante essentielle à prendre en compte pour le choix d’une solution. La question du consentement libre et éclairé par le résident ou sa famille doit toujours être au centre du débat.

Nous aborderons dans un prochain article la question de l’éthique, du consentement et du recueil de données, qui doit aussi guider dans le choix d’une solution anti-errance pour nos aînés.